Cambodge aujourd'hui : 50 ans après le régime des Khmers rouges

Rue de Phnom Penh en 1973
La vie à Phnom Penh en 1973, entourée par le régime des Khmers rouges. Credit : Mjcd71 sous licence CC BY-SA 4.0

Le 17 avril 2025 marque les cinquante ans du début du génocide perpétré par les Khmers rouges représentant les 3 ans 8 mois et 20 jours les plus sombres de l’histoire du Cambodge. Cinquante ans c’était hier, nombre de survivants du génocide sont encore en vie aujourd’hui, et leurs témoignages continuent de rappeler la réalité et l’ampleur des crimes perpétrés. Et maintenant, qu’en est-il ?

Personnes marchant dans une rue commerçante
La vie à Phnom Penh en 1973 [Credit : Mjcd71 sous licence CC BY-SA 4.0]
Rue animée avec des voitures, des cyclo et des motos
La vie à Phnom Penh en 1973 [Credit : Mjcd71 sous licence CC BY-SA 4.0]
Les militaires vietnamiens entrent à Phnom Penh en 1979
Soldats vietnamiens entrant dans Phnom Penh en janvier 1979 [Credit : Sebbers10 sous licence CC BY-SA 4.0]
Cinquante ans après, le Cambodge a connu une transformation spectaculaire. Le génocide, qui a eu lieu de 1975 à 1979, a causé la mort de près de deux millions de personnes soit un quart de la population cambodgienne de l’époque, laissant le pays en ruines et la population traumatisée. Il n'y avait plus d'écoles, de justice, de monnaie, ni même d'archives.
Après la chute du régime de Pol Pot, une partie de la population a fui le pays, cherchant refuge à l'étranger, ce qui a entraîné une diaspora cambodgienne importante. Beaucoup de Cambodgiens ont trouvé asile dans divers pays, notamment aux États-Unis, en France et au Canada.
Une femme et son bébé dans un cyclo
Trajet en cyclo d'une femme et de son bébé à Toul Tapeung [Credit : M M sous licence CC BY-SA 2.0]

Reconstruire

Les habitants qui avaient choisi de rester au Cambodge ont progressivement regagné les villes abandonnées. Beaucoup se sont rapidement installés dans des maisons trouvées vides. L'affectation antérieure des logements n’était plus respectée, la propriété privée n'existait plus. Créant ainsi une nouvelle population différente de l'avant 1975, majoritairement d’origine rurale puisque les citadins considérés comme le “peuple nouveau” avaient été exterminés.
Dans le contexte tendu de la guerre froide, et avec le soutien de la communauté internationale — notamment du Vietnam, de l'Union soviétique et des Nations Unies — le Cambodge a entamé une reconstruction laborieuse de son administration, ainsi que de ses systèmes éducatif et bancaire.
Une femme et son bébé dans un cyclo
Trajet en cyclo d'une femme et de son bébé à Toul Tapeung [Credit : M M sous licence CC BY-SA 2.0]
Moines lors des audiences préliminaires sur l'aptitude de Nuon Chea et de Ieng Thirith à être jugés
30 Aout 2011 : Des moines bouddhistes de Preah Sihanouk Raja ont assisté à la deuxième des audiences préliminaires sur l'aptitude de Nuon Chea et de Ieng Thirith à être jugés. [Credit : Khmer Rouge Tribunal (ECCC) sous licence CC BY 2.0]
Chum Mey (left) and Vann Nath (right), two survivors raising hands with a copy of the Duch-verdict
Chum Mey (à gauche) et Vann Nath (à droite) après avoir reçu une copie du verdict de Duch le 12 août 2010. Ils sont deux des rares survivants de la prison secrète S21 des Khmers rouges où au moins 12 273 personnes ont été torturées et exécutées. [Credit : Khmer Rouge Tribunal (ECCC) sous licence CC BY 2.0]
Phnom penh landscape combining historic buildings and skyscrapers
Vue de Phnom Penh en 2022 [Credit : Mao Piseth sous licence CC BY-SA 4.0]

Moderniser

Depuis 1990, le pays a accéléré sa modernisation et a réussi à établir des institutions publiques plus solides et à attirer des investissements étrangers. Là où certains pays sont paralysés par leur propre lourdeur historique, le Cambodge a su profiter du vide institutionnel pour oser et innover.
Le Cambodge s'est doté d’un système bancaire solide supervisé par la Banque nationale du Cambodge. Et pilote même une des premières monnaies numériques nationales en Asie, le Bakong, facilitant l'accès des populations rurales du Cambodge aux services financiers, dans un contexte où l'accès aux banques traditionnelles était historiquement restreint.
Des personnes dansent sous le drapeau khmer à l'occasion de la célébration du Nouvel An khmer.
Célébration du Nouvel An khmer 2025 au temple bouddhiste Wat Dhammararam, Sockton [Credit : instagram @sincerlysumaly]

Préserver

Aujourd’hui, 62 % des Cambodgiens ont moins de 35 ans. Ils n'ont pas connu la guerre, ni les camps. Pour eux, le Cambodge est un pays en croissance, où l'on ouvre des cafés, des entreprises, et où les rêves sont permis. Mais cette jeunesse rêve souvent d’ailleurs. Vers la Thaïlande, la Corée, ou même l'Europe. Non pas par rejet de leur pays, mais parce que les salaires sont bas et les opportunités limitées. Beaucoup partent travailler à l'étranger pour subvenir aux besoins de leurs familles tout en restant profondément attachés à leur patrie. L'importance accordée à leur culture et identité se reflète notamment dans la manière dont le Nouvel An cambodgien est célébré avec ferveur par la diaspora au delà des frontières.
Par ailleurs, un nombre croissant de Cambodgiens installés à l'étranger choisissent de revenir s'établir au pays, animés par le désir de mettre à profit les compétences et les expériences acquises à l'international afin de contribuer activement au développement du Cambodge.
Des personnes dansent sous le drapeau khmer à l'occasion de la célébration du Nouvel An khmer.
Célébration du Nouvel An khmer 2025 au temple bouddhiste Wat Dhammararam, Sockton [Credit : instagram @sincerlysumaly]